Natifs de l’Ardèche, ou Ardéchois de cœur, voici 8 personnages célèbres de l’Ardèche que vous ne connaissez peut être pas !

Olivier de Serres: père de l’agronomie moderne

Souvent désigné comme « le père de l’agronomie moderne », Olivier de Serres est né à Villeneuve de Berg en Ardèche en 1539. Il étudia de manière scientifique les techniques agricoles et en rechercha l’amélioration par l’expérimentation. On lui doit notamment l’enrichissement des sols par la culture de plantes fourragères, l’introduction des légumineuses, et des travaux de référence sur l’irrigation. Homme d’action et de terrain, il est aussi et avant tout un homme de lettres. Il est l’auteur d’un vaste traité, le « Théâtre d’Agriculture et mesnage des champs« , qui a connu 19 rééditions entre 1600 à 1675. Oliver de Serres s’est particulièrement intéressé à la sériciculture (élevage du ver à soie) alors embryonnaire en France. Il parvient à faire prospérer mûriers et vers à soie au Pradel, son domaine familial. Le domaine du Pradel à Mirabel est resté fidèle à la philosophie de l’agronome. Sur 50 hectares, on y observe aujourd’hui vignes, chênes centenaires, chèvres et oiseaux. C’est à la fois un lieu de production, de formation, de recherche, de culture et de développement durable.

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Les Frères Montgolfier: inventeurs de la Montgolfière

Novembre 1782, Joseph de Montgolfier, fils d’un papetier d’Annonay, lit le journal devant un feu de cheminée. Il lui vient alors une idée: on pourrait utiliser la fumée qui s’échappe du foyer pour faire voler des objets dans l’air. Il élabore immédiatement un petit cube ouvert sur une face qu’il présente au-dessus de la flamme. Alors que le cube s’envole vers le plafond, Joseph est certain qu’il est en passe de faire voler l’homme.
Joseph, le scientifique, et son frère Etienne, l’industriel, se lancent alors dans une série d’expériences visant à parfaire l’invention qui allait donner naissance à l’aérostation. Le 4 juin 1783, le premier aérostat non monté, gonflé avec de l’air chaud, obtenu par la combustion de paille et de laine mouillée, s’envole sous les regards ébahis du public. La conquête de l’air était née à Annonay ! Très vite le Roi Louis XVI et l’Académie des sciences reconnaissent l’invention des frères de Montgolfier et la baptisent « Montgolfière ».
En septembre 1783, une nouvelle montgolfière prend son envol, depuis Versailles, avec à son bord un coq, un mouton et un canard, qui seront les premiers êtres vivants à décoller par un procédé mécanique.

 

Plus d’infos sur Annonay, berceau de la Montgolfière

web_Frères Montgolfier - Annonay Place Libération©RenaudVezin (41)

Marc Seguin: l’inventeur du pont suspendu

Marc Seguin est né à Annonay en Ardèche le 20 avril 1786. Il n’est autre que le petit neveu de Joseph et Etienne Montgolfier les inventeurs de la Montgolfière ! Marc Seguin s’intéresse très tôt à la mécanique. En 1822, ses expériences sur la résistance des câbles métalliques s’avèrent très prometteuses. Avec son frère Camille, il étudie le principe du pont suspendu, dont les câbles sont alors des chaînes de fer. En 1824, les deux frères érigent à Tournon-Sur-Rhône un pont enjambant le Rhône, suspendu à des câbles constitués de fils métalliques parallèles, le premier d’une longue série de ponts modernes qui verront le jour à travers le monde. Car en effet, ce modèle de construction sera le prélude à la construction par les frères Seguin, tant en France qu’à l’étranger, de 186 autres ponts suspendus. Tancarville et le Golden Gate Bridge de San Francisco en 1937, en sont les descendants les plus connus.

web_Marc Seguin - Coeur de ville Place Liberté -20 ©Angel Salazar (8)

Henri Charrière (dit Papillon): bagnard, fugitif et écrivain

Henri Charrière est né en 1906 à Saint-Étienne-de-Lugdarès en Ardèche. Ses grands-parents vivant à Saint-Montan dans le vieux bourg, il y fait de nombreux séjours. C’est un garçon turbulent, indiscipliné, rebelle mais généreux. Jeune adulte, il se retrouve à Paris où il va mener une vie agitée et dissolue. Un soir de 1930, il est mêlé à une histoire de meurtre : un certain Roland Legrand, officiellement charcutier, officieusement souteneur, est blessé par balle d’un seul coup de revolver dans le ventre, à 3 h 30 du matin. Il meurt en désignant son meurtrier par un mot : « Papillon« . Le surnom d’Henri Charrière à cause du tatouage qu’il porte sur sa poitrine. Henri est suspecté malgré l’absence de preuves et de témoins. Il niera toujours y avoir participé. Jugé et condamné aux travaux forcés à perpétuité, il est envoyé au bagne en Guyane française. Commence alors la plus fantastique des aventures. Quarante-trois jours après son arrivée au bagne, Papillon s’en évade une première fois pour un périple de trois mois : 2 500 km en mer, l’île de Trinidad, les Anglais, la Colombie et ses cachots sous-marins, les indiens Guajiros, les cavales de Baranquilla. La Colombie rend les bagnards évadés à la France. Papillon restera deux ans dans une cage à fauves. Plusieurs fois transféré, il finit comme infirmier chef dans un camp d’Indochinois sur le continent guyanais. Après plusieurs tentatives, au bout de treize ans, il s’évade dans la nuit du 18 au 19 mars 1944 avec quatre autres compagnons. Après de nombreux déboires, un passage par la Guyane anglaise, la traversée de l’océan dans un canot d’abord, l’enfermement dans un bagne au Venezuela ensuite ; il parvient à Caracas au Vénézuela en 1946. Puis au bout de toutes ces épreuves, de toutes ces souffrances, cette fois, il y a la liberté. Il sera naturalisé, se mariera avec Rita Alcover et finira sa vie dans ce pays. Selon ses volontés, il a été inhumé aux cotés de sa mère dans le cimetière de Lanas. De sa vie en Guyane, Papillon, Henri Charrière, écrivit un livre réputé autobiographique à grand succès, vendu à plusieurs millions d’exemplaires : « Papillon« . Son histoire rocambolesque a également conduit à une adaptation au cinéma dans le film « Papillon« , sorti en 1973 avec Steve Mc Queen et Dustin Hoffman.

Pierre Rabhi: paysan, écrivain, penseur

Né en 1938, Pierre Rabhi est un paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne. Il a été l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France.
Fils d’un forgeron du sud algérien, Pierre est confié à l’âge de 5 ans, après le décès de sa mère, à un couple d’Européens. Il reçoit une éducation française tout en conservant l’héritage de sa culture d’origine. Petit employé de banque, puis ouvrier, travailleur immigré confronté au racisme, il a très tôt quitté ce milieu urbain étouffant pour expérimenter d’autres façons de vivre, libre, en accord avec la nature.
Avec sa femme, ils parviennent à vivre des ressources d’une petite ferme en Ardèche, réalisant ainsi leur rêve de retour à la terre. Ardent défenseur d’une société plus respectueuse de l’environnement, il développe pendant plus de 50 ans des pratiques agricoles accessibles à tous pour contribuer à l’autonomie, la sécurité et la salubrité alimentaires des populations, et prône la « sobriété heureuse ». Il a donné des centaines de conférences, et a publié une trentaine d’ouvrages dont  “Vers la sobriété heureuse”. Pierre Rabhi a été, tout au long de sa vie, un homme en marche vers plus de solidarité, plus de fraternité, et plus d’humanisme. Il est décédé en décembre 2021.

Pierre_Rabhi,_2009_Bruno Lamothe

Jean Saussac: artiste peintre et sculpteur

Jean Saussac, est un artiste peintre né le 28 février 1922 à Paris, mais il a majoritairement vécu à Antraïgues sur Volane, viscéralement attaché à son Ardèche. Et si aujourd’hui il est classique de voir des artistes vivre dans des milieux ruraux, il est un des premiers en France à faire le pari d’exercer le métier d’artiste peintre dans un si petit village. « Lou Pintre » comme l’appellent les villageois, réalise sa première exposition à Antraïgues à l’âge de seize ans. Puis le peintre étend ses domaines de créativité et il réalise affiches, costumes et décors de théâtre. Il est aussi décorateur de cinéma pour Robert Enrico (« les grandes gueules », « le vieux fusil », « le secret ») et de music-hall (pour Catherine Sauvage ou Jean Ferrat). Il réalise des sculptures, fresques murales, et mosaïques. Elu maire de 1964 à 1977, pour freiner l’exode rural et générer une activité économique stabilisant la population, il décide de faire d’Antraigues un lieu de rendez-vous incontournable pour ses amis artistes de renom transformant Antraigues en « St Tropez de l’Ardèche ». Jaques Brel, Lino Ventura, Pierre Brasseur, Jean-Louis Trintignant, Claude Nougaro, Alexander Calder ont été des réguliers du village… et bien sur Jean Ferrat !

Jean Saussac + Marlène Jobert au podello (tournage le secret) web

Jean Ferrat: chanteur engagé

Jean Ferrat, de son vrai nom Jean Tenenbaum, est né 1930, en région parisienne. Mais c’est en Ardèche, dans le joli village d’Antraïgues, où la montagne est (si) belle, que Jean Ferrat viendra poser ses valises en 1964, et où il finira sa vie en 2010. Fortement marqué par la déportation et la mort de son père durant l’Occupation, Jean Ferrat sympathise jeune avec le parti communiste, comme beaucoup de sa génération, marquée par la guerre et le nazisme. Admirateur de l’œuvre du poète Louis Aragon, alors écrivain quasi officiel du Parti communiste français, Jean Ferrat met en musique son poème « Les yeux d’Elsa », et marque ainsi le début de sa carrière. S’en suivront les succès que chacun connait, odes à la vie et à l’amour, toujours engagées en faveur de la paix et de la non-violence :  « Ma môme », « Nuit et brouillard », « Potemkine », « Camarade, « La femme est l’avenir de l’homme », « Aimer à perdre la raison » et bien sûr « La montagne » : sa déclaration d’amour à l’Ardèche.

Jean Ferrat Ardèche